C'était décidément trop bruyant.
Encore une fois Beldaren maudissait le jour où elle avait décidé de quitter le hameau de Vue-Du-Castel pour louer ce petit appartement au-dessus de la taverne du nord de Qeynos.
Elle avait eu envie d'espace, manger et dormir et le tout dans une seule pièce, lui déplaisait fortement. Sur le moment ce trois pièces à Qeynos lui avait vraiment semblé charmant. Elle l'avait visité en journée, la taverne était vide, quelques serveuses s'activaient à ranger et nettoyer la grande salle et l'aubergiste qui l'avait conduite au premier étage pour la visite s'était montré sympathique.
L'appartement était grand et baigné de lumière, il avait été entièrement refait à neuf et sentait bon la cire d'abeixie.
Ses malles avait été livrées un peu plus tard dans la journée. Elle avait passé deux jours entiers à emballer et ranger soigneusement ses affaires. Ce n'est pas qu'elle possédait beaucoup de choses, mais elle avait le goût des choses bien faites, et avait donc passé un temps infini à emballer le moindre objet.
Le rangement de ses livres avait sans doutes été le plus laborieux. Beldaren aimait à collectionner les récits, souvent épiques, des héros des temps passés. Cela l'aidait à trouver l'inspiration pour ses propres chants. Des centaines de parchemins et de livres constituaient l'essentiel de ses biens.
Une fois tout rangé, elle déballa sa dernière malle. Elle contenait son bien le plus précieux, son luth. Son oncle, le célèbre troubadour Hemmel, lui en avait fait cadeau dès qu'elle avait su faire chanter ses premiers accords. Elle caressa l'instrument avec amour, pinçant une corde au passage et se régalant du son qu'elle produisit, puis le reposa méticuleusement sans sa malle.
Tout était donc parfait, jusqu'à cette première soirée où elle découvrit que les clients de la taverne étaient bruyants...
Les rires et les voix éraillées des gardes de Qeynos éméchés parvenaient jusqu'à son appartement et l'empêchaient de se concentrer sur son travail. Il lui fallait un endroit calme pour se concentrer, endroit où les chants des ivrognes qeynosiens ne seraient qu'un vague souvenir.
C'est dans le bois d'Elddar qu'elle trouva la sérénité nécessaire à son ouvrage. Très vite cela devint un rituel. Elle passait ses matinées et le début de journée à l'auberge, puis la soirée et une partie de la nuit dans le bois voisin.
Elle entreprit également d'apprendre quelques notions rudimentaires de solfège au nain qui jouait de la musique à l'auberge afin de rendre son séjour là-bas si ce n'est agréable, au moins supportable. Cela lui causait du souci, le nain étant plus agile du lever de coude armé d'une choppe que pour faire courir ses doigts sur les touches d'un piano.
Lorsqu'elle ne travaillait pas à sa musique, Beldaren arpentait avec ses compagnons les terres ravagées de Norrath, Lavetempête, Glaces éternelles étaient ses destinations de prédilection pour l'heure.
Bien que le Faydwer ait été redécouvert depuis plusieurs années, elle n'avait pas encore réussit à surmonter ses angoisses et retourner dans sa ville natale, mais elle comptait bien sur ses compagnons pour l'accompagner sur les traces des Hauts-Elfes de Felwithe